LCDT #1

Le Coin des Tribuns #1

Malala Yousafzay, la parole au service de l’éduction de tous.

Malala Yousafzay est aujourd’hui un des grands noms de la lutte pour l’éducation pour tous. Elle est une militante pakistanaise des droits des femmes, et a notamment lutté pour l’accès des jeunes filles démunis à l’école.



En 2009, Malala a lancé un blog pour la BBC, sous un pseudonyme, dans lequel elle critiquait l’intensification des activités militaires dans sa ville, et partageait ses craintes de voir son école attaquée. Ce blog a été poursuivi par Malala et son père même après la révélation de son identité.

Le 9 octobre 2012, Malala a été attaquée par des talibans alors qu’elle rentrait de l’école. Cette attaque a été condamnée par l’ensemble de la communauté internationale. Une pétitition, lancée au Pakistan, a recueilli plus de deux millions de signatures pendant que l’Assemblée nationale ratifiait la première loi sur l’éducation gratuite et obligatoire. Cette attaque a conduit à une large médiatisation du combat de Malala.


En 2013, Malala et son père fondent le Fonds Malala, chargé de promouvoir l’éducation des jeunes filles partout dans le monde. La même année, elle publie un livre « Moi, Malala, je lutte pour l’éducation et je résiste aux Talibans ». Elle reçoit également le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes et le prix Anna-Politkovskaïa.


En 2014, Malala devient la plus jeune lauréate à recevoir le prix Nobel de la paix. En 2017, elle est nommée par Antonia Guterres, secrétaire générale de l’ONU, Messagère de la paix pour sensibiliser l’opinion publique aux enjeux de l’éduction des jeunes filles.

Le discours du 12 juillet 2013 à l'Assemblée des Nations Unies pour la jeunesse.

Malala a prononcé plusieurs discours mémorables, mais le plus célèbre est celui qu’elle a prononcé lors de l’Assemblée des Nations Unies pour la jeunesse, le 12 juillet 2013 alors qu’elle n’avait que 16 ans. Elle le prononce alors qu’elle sort tout juste de convalescence après l’attaque dont elle a été victime en 2012.


Elle y raconte son combat pour les droits de tous, sa lutte contre les Talibans, sa philosophie. Il s’agit d’un discours extrêmement important pour l’accès des jeunes filles à l’éduction. Pourtant, ce n’est pas ce qui frappe le plus dans son discours, mais peut-être la grande compassion dont elle fait preuve, même envers ses agresseurs.


Découvrez en quelques extraits :

Chers frères et sœurs, souvenez-vous de quelque chose. Le « Malala day » n’est pas mon jour. Aujourd’hui est le jour de chaque femme, de chaque garçon et de chaque fille qui ont élevé la voix pour leurs droits. Il y a des centaines de militants des droits de l’homme et de travailleurs sociaux qui non seulement parlent en faveur des droits de l’homme, mais qui se battent pour atteindre leurs objectifs d’éducation, de paix et d’égalité. Des milliers de personnes ont été tuées par les terroristes et des millions ont été blessés. Je ne suis que l’un d’entre eux.

Donc ici, je suis… une fille parmi d’autres.
Je parle — non pour moi, mais pour toutes les filles et les garçons.
J’élève ma voix – pas pour que je puisse crier, mais pour ceux qui n’ont pas voix puissent être entendus.
Ceux qui ont lutté pour leurs droits :
Leur droit de vivre en paix.
Leur droit d’être traité avec dignité.
Leur droit à l’égalité des chances.
Leur droit à l’éducation.


Chers frères et sœurs, je ne suis contre personne. Je ne suis pas non plus ici pour parler en termes de vengeance personnelle contre les talibans ou contre tout autre groupe de terroristes. Je suis ici pour parler du droit à l’éducation de chaque enfant. Je veux de l’éducation pour les fils et les filles de tous les extrémistes, en particulier les Talibans.

Je n’ai même pas de haine contre le Talib qui m’a tiré dessus. Même si j’avais un pistolet en main et qu’il se trouvait en face de moi, je ne lui tirerais pas dessus. C’est la compassion que j’ai apprise de Mohammed, le prophète de la miséricorde, que j’ai apprise de Jésus-Christ et de Bouddha. C’est l’héritage du changement que j’ai hérité de Martin Luther King, de Nelson Mandela et de Muhammad Ali Jinnah. C’est la philosophie de la non-violence que j’ai apprise de Gandhi Jee, de Bacha Khan et de Mère Teresa. Et c’est le pardon que mon père et la mère m’ont appris. Et c’est ce que mon âme me dit, soit pacifique et aimant pour tout le monde.


Chers frères et sœurs, c’est dans les ténèbres que nous nous rendons compte de l’importance de la lumière. Nous sommes conscients de l’importance de notre voix quand nous sommes réduits au silence. De la même manière, lorsque nous étions à Swat, dans le nord du Pakistan, nous avons réalisé l’importance des stylos et des livres quand nous avons vu les armes de guerre.


[…]


Chers frères et sœurs, nous ne devons pas oublier que des millions de personnes souffrent de la pauvreté, de l’injustice et de l’ignorance. Nous ne devons pas oublier que des millions d’enfants ne vont pas à l’école. Nous ne devons pas oublier que nos frères et sœurs sont en attente d’un avenir pacifique et lumineux.

Alors, laissez-nous mener une lutte globale contre l’analphabétisme, la pauvreté et le terrorisme et nous prendrons en main nos livres et nos stylos. Ce sont nos armes les plus puissantes.

Un enfant, un enseignant, un stylo et un livre peuvent changer le monde.

L’éducation est la seule solution.

Lire l'ensemble du discours
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